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  • Photo du rédacteurDanielle. G. Pétrus

Les os des filles de Line Papin

Un petit livre (150pages), d’une grande sensibilité. Le récit de l’enfance vietnamienne d’une jeune femme de vingt-trois ans.

Ce qui m’a attirée tout d’abord c’est la couverture, une vieille photographie des années 60 en noir et blanc, un peu floue, qui peut-être a été conservée dans un portefeuille. Elle montre une maman vietnamienne assise devant un mur, ses trois filles autour d’elle ; la plus grande distraite, le regard attiré par le hors-champ ; la deuxième, sérieuse, une coupe au carré courte, un livre sur les genoux et la petite dernière, l’air renfrogné, qui requiert toute l’attention de sa maman. Le mur est percé d’une minuscule fenêtre à barreaux m’évoquant l’enfermement. Le titre, Les os des filles, est plutôt intrigant et m’a interpellée. Il prend tout son sens au cours du récit.

L’auteure, Line Papin, née d’un père coopérant français et d’une mère vietnamienne, a grandi à Hanoï, élevée en partie par sa grand-mère Ba, au milieu de ses sœurs, dans l’insouciance de l’enfance. Lorsque la famille gagne la France, une épouvantable souffrance s’empare de la fillette écartelée entre deux mondes. Cette déchirure s’extériorise par l’anorexie qui l’amène aux portes de la mort. Cependant, la force que lui a transmise sa grand-mère lui fait reprendre les chemins de l’exil à rebours, à la recherche de son enfance heureuse et de l’histoire de sa famille, bouleversée par la décolonisation, les guerres et la dictature. C’est une histoire par les femmes dont Ba, la grand-mère, gardienne des traditions, est le pivot.

L’écriture est pudique, délicate, sans pathos. Pour marquer son ancrage ou au contraire sa mise à distance du récit elle varie les différents points de vue, passant de la première personne à la deuxième ou la troisième. Elle montre ainsi non seulement la tendresse qu’elle éprouve pour ces femmes dont la vie n’a pas toujours été facile, mais aussi pour elle-même en se réconciliant avec ce passé.

Ne ratez pas ce chef d’œuvre !

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