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  • Photo du rédacteurDanielle. G. Pétrus

Le chant de Salomon Toni Morrison

Dans la Bible, le chant de Salomon qu’on appelle aussi le Cantique des Cantiques est un échange de poèmes amoureux entre un homme et une femme,attribué au roi Salomon et symbolisant l’histoire des Hébreux.















Le roman de Toni Morrison entretient un lien très puissant avec ce cantique pour retracer l’histoire du Peuple Noir à travers la famille de Macon Mort qui a migré vers le Nord, au gré des crimes raciaux et des emplois, depuis l’abolition de l’esclavage. Macon Mort est le fils cadet d’une famille marquée par l’acculturation et la quête de l’identité. Comme tous les descendants d’esclaves, leur patronyme est celui que leur ont accolé les Blancs ; pour les prénoms, on fait confiance au hasard en posant son doigt sur un passage de la Bible ou des Évangiles, ce qui donne des résultats étranges : Agar, Pilate, Corinthiens… Et souvent, on se rajoute un surnom. Pour Macon Mort qui porte le même nom que son père, ce sera Laitier, puisque sa mère l’a nourri un peu plus que ne le recommande la bienséance. Le jeune homme pourrait se contenter de sa vie, il grandit dans un milieu aisé, mais les secrets de famille, la violence tapie partout — entre Noirs et Blancs, entre riches et pauvres, entre Noirs du Nord et Noirs du Sud, entre KKK et sociétés secrètes — le décident à quitter son confort pour aller vers le Sud, à la recherche d’un hypothétique magot. Il prend rapidement conscience que cet or n’est que le prétexte à son voyage. Au fil des rencontres, bonnes ou mauvaises, il retisse peu à peu l’histoire des siens, conservée ici ou là chez de vieilles personnes, dans une comptine chantée par des enfants.

La langue de Toni Morrison est ample, généreuse, évocatrice. La vie de Macon auprès de son père ne peut mener qu’à sa fuite et l’on comprend que sa quête sera celle du mythe fondateur : l’esclavage.

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