Une œuvre qui m’a beaucoup touchée pour son contenu et aussi parce que la véritable Anna a habité dans la maison qui est la mienne aujourd’hui.
L’histoire romancée d’Anna Sokolenko commence dans le village de Tatarov en Ukraine où elle vit avec son père bûcheron, sa mère et sa sœur. Anna possède un caractère bien trempé, elle rêve de l’avenir et se voit partir en Amérique avec son amoureux, Arno qui travaille dans le ghetto juif. En 1941, lorsque Hitler lance l’offensive à l’Est, l’Ukraine conquise est soumise aux Einsatzgruppen qui vont quadriller le pays afin d’éliminer les Juifs qui vivaient là depuis des siècles. C’est la Shoah par balles qui causera au moins 800 000 morts dans tout le Yiddish Land. Rafles, exécutions sommaires, massacres et destructions des corps. Le jeune Arno tombe parmi les premiers avec ses parents. La population du village hésite entre ne pas bouger et obéir aux ordres de Staline : la politique de la terre brûlée. Aucune solution ne sera la bonne. La vie d’Anna est précipitée dans le maelström de la guerre. Raflée, de camp de travail en camp de travail, elle va parcourir la Pologne et l’Allemagne, à pied, en train ou en camion, pour sauver Sergueï le fils qu’elle a eu d’Arno.
Ce roman est pour moi une découverte, j’aime beaucoup le style de Jean-Jacques Greteau ; une belle écriture maîtrisée, érudite, dynamique, ponctuée de magnifiques descriptions. On s’attache aux personnages dépeints dans leur vérité, sans jugement.
L’entrée dans un contexte historique terrifiant par le périple d’une jeune fille, que certains diraient insignifiante, mais dont le courage, la détermination forcent l’admiration, porte le lecteur de l’émotion à la réflexion. Anna, c’est toutes les femmes ballottées dans des conflits qui les dépassent, et qui avancent, malgré tout, pour leurs enfants.
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